Manon Lescaut n'est jamais allée en Amérique

6 - Manon Lescaut

 

 

Notre membre d'honneur et agent double préféré Marc Escola propose à Intercripol de rouvrir le dossier Manon Lescaut, et soumet à l'expertise de nos enquêteurs son rapport circonstancié, paru dans la dernière livraison (N°184) de la revue Poétique. Si la duplicité de Des Grieux en tant que narrateur a été suggérée depuis longtemps par la critique, elle n'avait jamais été véritablement démontrée ; c'est désormais chose faite, grâce à cet article, qui tire enfin des indices présents dans le texte de l'Abbé Prévost les conclusions qui s'imposent. Une nouvelle lecture qui pourrait bien révolutionner tout ce que vous pensiez savoir de cette histoire :

 

Dans un essai accueilli au sein d'une collection trop tôt disparue et qui nous a valu quelques monuments de sagacité critique, René Démoris s'est superbement interrogé sur Le silence de Manon (1995) : comme tout lecteur de Manon Lescaut en fait sans doute l'épreuve, le chef d'œuvre de Prévost doit une bonne part de sa force au mystère qui nimbe la personnalité de Manon, et la façon dont l'héroïne a pu vivre de son côté ce qui est bien aussi son "histoire" nous échappe presque totalement (...) Si nous sommes privés du point de vue de Manon, c'est bien que Des Grieux ne lui donne que rarement la parole : le silence de Manon est un silence de Des Grieux, qui tait sans doute bien des détails encore à Renoncour et son élève, destinataires silencieux d'un long récit conçu comme un plaidoyer pro domo. On le mesure mieux à la relecture : le lecteur le plus bénévole ne peut manquer d'être régulièrement pris de doutes sur l'exactitude du récit du chevalier, ou tout au moins sur sa complétude, en soupçonnant ici ou là, et même un peu partout, de possibles ellipses et autant de mensonges par omission. lire la suite sur Cairn

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